" J'ouvre ce livre comme on ouvre une enquête. Une enquête sur moi-même. Je m'appelle Karim Braire. J'ai trente-six ans. J'ai passé mon enfance et ma jeunesse dans une cité sensible d'Orléans : les Blossières. Destin bétonné d'un arabe de quartier. L'ennui, les potes, les conneries. La vie en gros, la vie en gris. À l'aube de mes dix-huit ans, j'ai écopé de six mois de prison avec sursis. Pour solde de tout compte. C'est à partir de là que mon histoire a basculé. Certains sont frappés par l'amour ou la religion, moi, ma révélation s'appelle "le surf ". Un flash, un jour, comme ça, par le plus grand des hasards. La veille, je n'y connaissais rien. Le lendemain, je ne pensais plus qu'à ça. Quand on veut s'inventer un avenir, ce sont souvent les mêmes rêves qui tournent au pied des tours : le foot, le loto, le rap, le bizness... Mais le surf, franchement, quelle idée ! À Orléans, en plus. Moi qui n'avais jamais vu la mer que du pont du ferry qui, chaque été, nous ramenait au bled. Moi qui ne savais même pas nager. Bien sûr, j'ai beaucoup ramé. Il m'a fallu combattre les moqueries, le racisme, les préjugés. Il m'a fallu partir loin des copains, mentir aux miens, vivre comme un clochard et dormir tout un hiver dans ma voiture, au bord de l'océan, dans le seul espoir de tenir, un jour, debout sur ma planche. J'y ai mis toute la rage que j'avais emmagasinée en moi durant des années. Et puis, un beau matin du printemps 2001, je suis enfin parti sur une vague. Et cette vague me porte encore aujourd'hui. " Après seulement trois ans de pratique, Karim est devenu surfeur professionnel et a accédé au cercle fermé des " chargeurs ", ces têtes brûlées qui affrontent des murs d'eau de quinze, vingt mètres, parfois plus... En Europe, ils doivent être une vingtaine à oser se mesurer à de tels monstres. Aujourd'hui, il vit là où le soleil et sa passion l'appellent, a des amis jusqu'en Australie. Mais il ne se prend pas pour un autre et ne renie ni ses origines ni son passé. CROYEZ EN VOS REVES, ILS SONT A PORTEE DE MAIN