Requiem naïf pour Honorine

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By BlèZ

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Sankonnen était au seuil de la préadolescence, qu'un samedi matin de grande chaleur, toute une bande de bonnes commères se trouvait sous une tonnelle à l'ombre du flamboyant devant l'église à papoter jovialement, et surtout à rire des ébats et des faits d'armes des unes et des autres dans la culbute le week-end précédent, à l'occasion de la patronale de BelleVue, dans quelque touffe de vétiver, dans quelque fossé, dans un champ de petit mil. Le pauvre mioche était accroupi, tout entier à curer une carcasse de poulet qu'on lui avait maternellement réservée, quand il fut saisi d'une belle érection, comme piqué au vif par la tentation, à l'écoute d'une commère racontant de toute sa négligence d'assise son week-end coquin.

« Oh ! Le petit satan ! »

« Regardez ! »

« Oh ! Oh ! Oh ! »

« Le petit monstre de malédiction ! »

« Viens ici ! Te flanquer à genou, là ! Petit diable ! »

« Viens ici ! Viens, te dis-je ! Viens ! Hép ! Foutre ! »

« Quelle belle saloperie ! »

« Oh ! Ohh ! Ohhhhhh ! Le monde est exposé ! »

Inutile de dire que l'affaire fut prise très au sérieux, jusqu'aux éclats de rire par toutes ces commères, qui, une fois revenues de leur émoi, s'étaient montrées estomaquées à qui mieux mieux de ce manque d'égards.

Toute la cohorte femelle s'était alors lancée aux trousses de l'enfant maudit.

Croyant qu'il allait être pris, lynché, et crucifié devant l'église, Sankonnen avait réussi à se jouer de l'armée femelle à ses basques en Furies, pour se mettre à couvert, à la cime d'un arbre.

Les commères étaient alors allées assiéger les parents de l'enfant d'injures, de remontrances, d'admonestations de tous ordres.

En guise de défense empreinte d'indignation, le père de Sankonnen n'avait trouvé qu'à fanfaronner dans son royaume de la vieille ferraille, disant à ces dames de s'estimer bénies, car touchées par la grâce de la divinité égarée dans la chair, qui s'était ainsi manifestée à leur piété pour une fois, et qu'il aurait fallu qu'elles s'agenouillent à la queue-leu-leu devant son fils pour une petite prière comme devant un cornet de sucre gimgembre, en pénitence.

L'armée femelle estomaquée et criarde donna alors de la voix, et fit pleuvoir les reproches jusqu'à obtenir de la mère, pas du tout philosophe, mais plus raisonnable, que le petit démon soit désormais complètement vêtu, de la tête aux pieds.

La serviabilité de Sankonnen rasant les murs, en pestiféré, ne faisait donc plus guère recette, trop divinement entachée de virilité.

Mais belle revanche ! Sankonnen avait depuis bellement poussé, pour ne pas porter son pantalon imposé pour la beauté du tissu.

Requiem naïf pour Honorine