— Allez, débriefing et mise en commun ! Donnez-moi vos indices. Faut qu'on retrouve cette fille avant qu'il ne soit trop tard !

La voix rauque du commissaire Malverne ne faisait qu'amplifier le malaise des enquêteurs landais, soumis au diktat de ce loup du 36 Quai des Orfèvres. Le tueur en série des chômeuses, surnommé Ombre sombre, semblait avoir fait une nouvelle victime. La disparition de Marjorie Tibert, quelque part dans les Landes, et ce depuis quarante-huit heures déjà, laissait peu d'espoir.

Depuis sept mois, cinq cadavres féminins avaient été découverts. Tous révélaient une mort par strangulation après avoir subi tous les sévices possibles. Les crimes avaient eu lieu de façon aléatoire dans le temps et l'espace, en cinq régions distinctes de l'hexagone. La première tuée était parisienne et l'enquête avait été confiée au brillant commissaire Malverne. Lors du second crime, en Lorraine, un témoin avait vu la victime parler avec un homme brun de petite stature, dans le bar de l'établissement où elle séjournait pour un entretien d'embauche. L'heure tardive de la fin du rendez-vous l'avait empêchée de prendre le dernier train pour Paris. Elle s'était rabattue sur une chambre du modeste hôtel de la gare, et ne l'avait jamais occupée, disparaissant en fin de soirée. Son corps avait été retrouvé en forêt la semaine suivante à quelques kilomètres de là. Par trois fois, un scénario identique s'était reproduit, en Normandie, en Corrèze et en Provence. Les chômeuses quittaient leur domicile pour un entretien d'embauche et disparaissaient à l'issue de celui-ci. Les agences pour l'emploi n'avaient enregistré aucune convocation au nom d'une entreprise connue pour chacune des jeunes femmes en question. La brigade d'investigation landaise ne disposait d'aucun indice, si ténu soit-il, à part l'évocation d'une ombre sombre entraperçue ici ou là.

Cette nouvelle est extraite du roman "La tribu de la profileuse".